mardi 6 décembre 2011

Il neige au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris...

Petite parenthèse pour vous parler de deux expositions que je suis allée voir le week-end dernier.

La première concerne Baselitz, peintre allemand né en 1938 et qui vit aujourd'hui en Bavière. Le musée d'Art Moderne présente son travail de sculpture qu'il commence dans les années 70. Ce ne sont pas des oeuvres souvent montrées, Baselitz est plus connu pour ses peintures à l'image inversée. En effet, à partir de 1969, il décide de retourner les sujets de ses oeuvres (les portrait ont la tête en bas par exemple) pour les vider de tout contenu. L'intérêt est alors porté sur la peinture en soi et non sur le contenu. Contrairement aux multiples expositions de Baselitz, celle-ci montre donc ses sculptures monumentales en bois. Nous nous promenons donc entre des géants de bois, gauches, un peu difformes. Certaines oeuvres ne sont que des bustes ou des têtes.Ces sculptures sont justement bouleversantes par leur matière brute, leur traitement.
 Les ensembles les plus marquants restent ses figures debout ainsi que ses deux autoportraits à la fin de l'exposition. La série des femmes de Dresde est aussi frappante. Elle est composée de treize tête monumentales jaunes toujours présentées ensemble qui évoquent les victimes de la destruction de la ville en 1945. Frappant! Quelques vues pour vous faire une idée :

Les femmes de Dresde, 1989-1990 
 Meine neue Mütze, 2003
Volk Ding Zero, 2009

Très belle expo à voir!

Je ne pourrai pas en dire autant de la deuxième exposition temporaire présentée en ce moment dans le même musée. Le titre : "Any ever", jeu de mots entre anyway et whatever, mots souvent utilisés en anglais. Les artistes : Lizzie Fitch et Ryan Trecartin. Jamais entendu parler, j'étais donc curieuse de voir. On me donne un plan avec des noms marqués sur chaque salle. Impossible de comprendre le sens de déplacement dans l'exposition. En demandant à un gardien, je finis par comprendre qu'il faut faire le tour par la droite pour déboucher sur les six salles qui présentent chacune une vidéo et finir par deux salles avec des sculptures. Déjà passablement énervée d'avoir perdu 20 minutes à essayer de comprendre la scénographie de l'exposition, on ne peut pas dire que j'étais vraiment disposée à apprécier toutes les oeuvres. Chaque pièce présentant un film avait un décor spécifique assez sympathique je dois le reconnaître puisque des écouteurs étaient disposés un peu partout notamment sur des canapés et parfois des hamacs pour regarder confortablement les films. J'ai envie de dire heureusement que nous étions bien installés pour regarder ces personnages ridicules déguisés en jeunes filles, adolescentes ou autres parler à toute vitesse sur une voix haut perchée. Je comprends en lisant les commentaires des vidéos que ce sont des critiques de la société de consommation, des filles complètement écervelées, blablabla. Les artistes font chacun plusieurs rôles portant à chaque fois des perruques pour critiquer à peu près tout : la consommation, la société des média, blablabla. Encore un travail avec plein de messages sûrement intéressants ( et encore) mais noyés dans du rien.
Les deux dernières salles présentent ce que les artistes appellent sculptures. On me dit dans le livret d'explications qu'ils ont commencé par ces sculptures avant de réaliser des films. Hummm... moi je vois des jambes de mannequins de magasin associés à des tuyaux, des chariots, bref un peu tout mis bout à bout. Ils récupèrent en effet des objets de la société de communication pour les coller. Bien, j'ai donc décidé moi-même de devenir artiste et je vais coller des bouts de saucisse avec des pâtes !
Quel dommage d'aller voir des sculptures comme celles-ci alors que celles de Baselitz beaucoup plus poignantes sont dans la salle à côté!
Ces artistes doivent être branchés, je suppose. Dans ce cas-là, je ne le suis pas et j'ai perdu mon temps!

1 commentaire:

  1. Le "je" trouve sa raison lorsqu'il s'impose dans et par ses positions ! Deux bonnes critiques, bien rythmées, intéressantes et avec une pointe d'humour.

    J'aime particulièrement l'idée de retourner les oeuvres pour les vider de leur contenu, démarche qui s'inscrit sans doute dans une valorisation de la forme dans son arbitraire : toute représentation est convention et Baselitz avec ces formes retournées n'en impose qu'une de plus, apparemment très simple, presque évidente, mais efficace, insupportable.

    Je pense toujours à Antonin Artaud, peut être une réminiscence de cours devant Baselitz et à son "théâtre de la cruauté" qui n'est pas sans lien je pense. On trouve la même idée du refus de la transcendance : le corps/la forme/l'informe présenté dans sa brutalité et symbole en/de/par lui même, dans, justement, son immanence.

    Encore, encore !

    Lucile

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