mardi 29 novembre 2011

Une expérience de la lumière


James Turrell, Ganzfeld Apani, 2011


Expérience assez intéressante. Cet artiste, âgé de maintenant 68 ans, travaille essentiellement sur les effets de lumière. Le spectateur est donc invité à entrer dans un espace blanc, une sorte de caisson, en mettant des chaussons en coton. L'espace est en pente et présente un écran au bout qui change de couleurs progressivement déclinant tous les tons de lumière du rouge au gris. Le caisson change en même temps de couleur que l'écran. Nous sommes environnés par la lumière et la couleur. Le mur blanc en-dehors du caisson prend lui aussi le ton des couleurs complémentaires, illusion d'optique puisqu'il n'est pas éclairé. On a l'impression d'évoluer dans un brouillard de lumière. J'ai été cependant un peu déçue. Les gens ne pouvant rentrer que trois par trois, nous avons dû faire une heure de queue pour finalement pouvoir entrer dans le caisson. C'est un peu long et en connaissant l'oeuvre, je ne sais pas si j'aurais attendu aussi longtemps. En en ayant beaucoup entendu parler avant, je m'attendais à quelque chose de plus spectaculaire.

lundi 28 novembre 2011

Lion d'or du meilleur artiste








Christian Marclay, The Clock, 2010

J'ai eu la chance de voir ce film une première fois en septembre lors de sa projection au Centre Pompidou. Quelle merveille! L'artiste a gagné le lion d'or du meilleur artiste pour cette oeuvre et je trouve cette récompense bien méritée. Le film a été présenté à Londres fin 2010 puis à Jérusalem mais c'est à la biennale de Venise qu'il a été très remarqué. Avant même qu'elle soit finie, il a été acheté à moitié par le centre Pompidou et par un musée américain. En effet, il en existe six exemplaires. Christian Marclay a mis trois ans avec son équipe à recueillir des bouts de films et séries télévisées où l'heure est mentionnée par les acteurs ou indiquée par une montre. Les minutes, les secondes avancent en même temps que les minutes et les secondes du spectateur. Tout est en temps réel. Douze heures sonnent ( et on a droit à la merveilleuse scène de Mary Poppins dans laquelle un canon est tiré), il est bien midi aussi sur notre montre dans la salle. On redécouvre avec régal des extraits de Macgyver ou encore 24h chrono. Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn font quelques courtes apparitions. Les scènes n'ont pas de continuité narrative mais ce n'est pas gênant. Confortablement installé dans un fauteuil, le spectateur est capté et ne peut plus lâcher l'écran. L'oeuvre était présentée deux fois en 48 heures donc tout un week-end (le film dure 24h) à Beaubourg et le spectateur avait accès à la salle à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. A Venise, la biennale ferme évidemment la nuit mais ce n'est pas gênant.
Une oeuvre à voir absolument la prochaine fois qu'elle sera projetée à Beaubourg!

Quelques vidéos marquantes


Mohamed Bourouissa, Boloss, 2011

Cet artiste est un des rares français présents à la biennale. Né en 1978 en Algérie, il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie Kamel Mennour, grosse galerie de Paris. Cette vidéo dure 17 minutes et captive du début jusqu'à la fin. Elle est installée sur deux écrans. Sur celui de droite, on peut voir se dérouler devant nos yeux une partie de poker organisée dans ce qui semble être une cave dans un immeuble de banlieue tandis que sur l'écran de gauche, chaque joueur  présent ce jour-là observe la partie filmée et la commente. En gros, les dix jeunes revoient leur partie en même temps que nous qui la voyons sur l'écran de droite. On voit leur entrée dans la cave pendant que les enfants (frères ou amis) sont relégués à l'extérieur. Les jeunes hommes s'installent autour de Momo, le dealer de cette partie et l'organisateur. Sur l'écran de gauche, Momo présente d'ailleurs les différents joueurs pendant que nous les voyons chacun, entouré d'un cercle rouge sur leurs têtes floutées à chaque nom énoncé, sur la vidéo de la partie à droite. Petit à petit, en entendant le récit et les commentaires des jeunes, on comprend que ce jour-là, deux personnes trichaient mais qu'ils ne s'en sont rendus compte que plus tard. Ce sont des "bolosses" comme le dit si bien le titre de la vidéo c'est-à-dire des mecs baraques (si je peux dire ça comme ça) qu'il ne faut pas ennuyer. On sent que le climat est tendu autour de la table et qu'au moindre problème, le jeu peut dégénérer en bagarre.
Malgré tout, les personnalités de ces bolosses sont attachantes à mesure qu'ils expliquent leur façon de jouer et expliquent ce qu'ils faisaient là ce jour-là.
Un film assez fascinant!

vendredi 25 novembre 2011

Il neige à Venise...



Le week-end du 11 novembre, j'ai eu l'immense plaisir d'aller à ma première biennale de Venise. Ayant depuis longtemps voulu démarrer un blog de critiques sur les très nombreuses expos d'art contemporain que je vais voir chaque année, quoi de mieux que d'ouvrir ce site en parlant de la manifestation bisannuelle d'art contemporain sûrement une des plus importantes du monde?

Cette année, le thème est « Illuminazioni », jeu de mots entre illuminations (et tout ce que cela implique avec le travail des peintres de la Renaissance vénitienne sur la lumière ainsi que le mouvement des Lumières) et les nations ( la biennale étant constituée de pavillons représentant tous un pays ). La commissaire d'exposition Bice Curiger a choisi ce thème pour pouvoir faire un lien notamment avec trois toiles du Tintoret présentées dans le pavillon central des Giardini. Ce choix de rapprochement entre des artistes contemporains et Le Tintoret, génie du coloretto vénitien et de la perspective, est particulièrement intéressant dans le cadre du thème.

La biennale se déroule dans deux lieux principaux : l'Arsenale et les Giardini. A l'Arsenal, se déroule l'exposition principale mise en place avec Bice Curiger. Quelques œuvres sont frappantes, je détaillerai plus tard. On peut cependant souligner un détail extrêmement énervant qui est l'absence de toute explication devant les œuvres. On arrive péniblement et au bout de longues heures de recherche ( le cartel étant en général à 1 km des œuvres) à trouver le titre et le nom de l'auteur mais on n'aura rien de plus. Beaucoup d'œuvres gardent donc leur obscurité. A la fin de l'exposition, quelques pavillons sont présentés comme le pavillon des Etats Arabes Unis, de l'Inde, de l'Argentine avec le prometteur Adrian Villar Rojas et le pavillon italien qui a tant fait scandale par certaines de ses œuvres.

Dans les Giardini, se trouvent tous les pavillons nationaux. Chaque pays a un pavillon dans lequel il présente un artiste qu'il considère comme le plus représentatif de son pays ou qu'il veut mettre en avant si c'est un tout jeune artiste. Le pavillon central présente encore une exposition en lien avec le thème de la biennale et préparée par Bice Curiger. N'étant jamais venue avant, je pensais que les pavillons étaient en toile, des sortes de grandes tentes que l'on montait tous les deux ans pour les biennales. Et bien, pas du tout! Ce sont des pavillons en dur, chacun avec une architecture différente représentative de l'identité du pays. Chacun porte le nom du pays gravé au-dessus de la porte d'entrée. C'est assez chouette de pénétrer dans chaque édifice, les pavillons sont à eux seuls des œuvres d'art.

Certains pavillons sont aussi dans des maisons du centre-ville mais c'est un peu compliqué de traverser la ville à la recherche de tous les pavillons manquants. En trois jours, la tâche n'a pas été réalisable pour moi.

Pour parler de la biennale, j'ai décidé de remettre des prix personnels. Je ne détaillerai que les œuvres qui m'ont plu ou déçu et je remettrai mes petits trophées. Je parlerai aussi d'expositions dans le cadre de la biennale comme « le monde vous appartient » au palazzo Grassi, lieu de la fondation Pinault qui contient une collection d'art contemporain de très grande qualité.