samedi 4 février 2012

Il neige sur...Ainsi soit-il!

Ainsi soit-il est le nom d'une exposition qui a eu lieu du 16 septembre 2011 au 2 janvier 2012 au Musée des Beaux-Arts de Lyon dans le cadre de la biennale d'art contemporain. Antoine de Galbert, ancien galeriste et fondateur de la Maison Rouge ( institut d'art contemporain) à Paris, a été invité à présenter des oeuvres de sa collection personnelle qu'il a accumulée depuis trente ans. Ces pièces ont été mises en regard avec la collection du musée.
Une très belle exposition foisonnante d'oeuvres remarquables. Petit aperçu :

Christian Boltanski, Le Coeur, 2005 :
Dans une salle noire, une lumière bat au rythme des battements d'un coeur dont le bruit sourd enveloppe la pièce. Boltanski est un plasticien français, né à Paris en 1944. Il a présenté une oeuvre dans la nef du Grand Palais à l'occasion de Monumenta en 2010 ( manifestation d'art contemporain) et il a représenté la France à la biennale de Venise de cette année. Les thèmes récurrents présents dans ses travaux sont la mémoire, l'absence, l'enfance et la mort. Né d'un père juif, son travail est imprégné de la mémoire de l'Holocauste.


Annette Messager, Coeur au repos, 2009 :
Belle image que ce coeur fatigué! Annette Messager est la femme de Boltanski et une plasticienne de renom. Ses oeuvres sont marquées par son histoire personnelle.

Chiharu Shiota, State of being n°24, 2009 :
Artiste japonaise née en 1972 à Osaka, son travail se caractérise par un mélange de performances et d'installations spectaculaires pour lesquelles elle utilise en les accumulant de vieux objets comme des chaussures, des valises, des châssis de fenêtres ou encore des lits. Une dimension onirique s'ajoute quand elle tisse de véritables toiles d'araignée noires autour d'habits d'un autre temps.

Les oeuvres de néons :


Jean-Michel Alberola, L'espérance à un fil, l'espérance a un fil, 2006-2009 :
Artiste algérien, il interroge l'idée de la "fin de la peinture", chère au XXe siècle. Ses sculptures en néon dessinent des parole ambigües entre prophéties, jeux de mots et slogans provocateurs. Il interroge le rapport du spectateur à l'oeuvre d'art et sa commercialisation.

Claude Lévêque, Vous allez tous mourir, 2001 :
Lévêque est un artiste plasticien assez incroyable. Dans chacune de ses expositions, il arrive à créer des ambiances mêlant presque toujours une phrase écrite au néon ainsi que de la musique et toute une mise en scène. Phrases drôles ou ironiques, ses oeuvres sont toujours marquantes.

Les séries de photographies :





Anders Petersen, série Mental hospital, 1995 :
Ce photographe suédois né en 1944 est connu pour avoir pris en photographie dès le début de sa carrière les personnes en marge de la société. Il fait cette série de photos dans un asile psychiatrique dans les années 90.

Luc Delahaye, Baghdad IV, 2003 :
Luc Delahaye a commencé sa carrière en tant que photojournaliste dans l'Agence Magnum et a travaillé pour des journaux comme Newsweek. Il continue aujourd'hui à prendre des photos d'actualité en grand format dans un style documentaire froid contré par une grande intensité dramatique.

Les vidéos :


David Claerbout, Reflecting sunset, vidéo 38", 2003 :
Vidéaste et photographe belge, ses oeuvres mélangent vidéos et photos, oeuvres en mouvement et images fixes. Sur cette vidéo extrêmement courte, le spectateur peut voir le reflet du soleil se déplacer sur la fenêtre dans la journée imperceptiblement.

Lucien Pélen, End, vidéo 36'45", 2009 :
Cette vidéo montre une silhouette sur une colline en train de creuser. Une tombe? Probablement vu qu'une photographie d'une tombe sur cette même colline est exposée dans la même salle du musée. Ce film est fascinant par le jeu d'ombres, la distance du spectateur face à cette colline. Le mystère reste intact. 


mercredi 1 février 2012

Les ovnis de la biennale!

Diego Bianchi, artiste argentin, présente The Ultimate Realities (réalisée en 2011) au deuxième étage du Musée d'Art contemporain. Nous sommes invités à entrer dans une salle envahie par des mannequins coupés en deux associés à des troncs d'arbres, des rouleaux de papier toilette qui côtoient des habits égarés. C'est un fouillis de choses sans nom, une forêt d'oeuvres dans l'oeuvre. L'artiste écrit un texte sur son travail, compliqué et qui ne m'a pas vraiment éclairé. Mais finalement, peu importe. Il faut se laisser porter dans ce dédale, ce labyrinthe d'objets que l'on doit contourner ou enjamber. C'est une atmosphère qui est créée là et c'est fascinant!




Judi Werthein, artiste argentine qui vit aujourd'hui aux Etats-Unis, présente une oeuvre tendre et touchante. Intitulée Cosa (chose), cette oeuvre est toujours à moitié cachée. Au deuxième étage du musée, elle ne laisse apparaître que deux pattes et un bout du corps. On devine un animal, un éléphant? On ne saura jamais. Les instructions de l'artiste sont claires : "Cosa est arrivée à Lyon après un voyage à travers le monde débuté en août 2009, avec des étapes à Stockholm, Banja Luka, Miami, Madrid, Mexico, Cologne et New York. Dans chacune des expositions, Cosa habite un espace en creux et ne se montre jamais complètement. L'oeuvre a été intentionnellement fabriquée en Chine ; la commande passée au téléphone était assortie d'une instruction très simple : que son poids ne dépasse pas celui du forfait maximum de FedEx."

Voilà quelques bouts de la bête et il semblerait en effet que ce soit...un éléphant!

Ici exposé à Madrid.

Le troisième ovni de la biennale s'intitule La Bruja 1 ( la sorcière). Cildo Meireles a conçu pour la première fois cette oeuvre à la biennale de São Paulo en 1981. Pour la biennale de Lyon, il investit tout le troisième  étage du musée avec 3000 kilomètres de fil noir attachés à un balai posé dans un coin. L'artiste en parle ainsi : "Le balai est ambigu : il peut être vu comme le début, la source d'une énorme expansion, ou peut-être le point final où tout se contracte et se compresse. Il y a aussi un paradoxe dans le fait qu'au lieu de nettoyer, le balai provoque un désordre chaotique."



La dernière oeuvre de cette biennale qui est marquante reste quand même Marienbad de Jorge Macchi. C'est une installation spécifique créée spécialement pour l'arrière-cour de l'usine de textile de Vaulx-en-Velin. Un jardin à la française reconstitué se retrouve au milieu de la zone industrielle de cette banlieue de Lyon et c'est extrêmement surprenant. Ce décor rappelle évidemment le célèbre jardin du film L'année dernière à Marienbad  d'Alain Resnais qui date de 1961. Juste magique!






Il neige sur...des vidéos surprenantes!

Tracey Rose est une artiste pleine de surprises. Elle présente plusieurs vidéos dans la cadre de la biennale de Lyon. La plus intéressante est sans conteste San Pedro IV qui date de 2005 et qui montre une performance qu'elle a réalisée à Jérusalem. Cette artiste sud-africaine se rend à Jérusalem pour se confronter à la situation politique dont le mur qui sépare Israël et la Palestine est un des symboles. Elle décrit son expérience ainsi : "Tôt le matin, les patrouilles sont moins nombreuses. J'ai donc peint mon corps et nous avons loué une voiture pour nous rendre jusqu'au mur au lever du jour." Une fois sur place, elle sort de la voiture et joue très mal l'hymne national israélien à la guitare électrique, nue et toute peinturlurée. Son action a pour but, dit-elle, " de faire de l'humour et de provoquer une réaction, histoire de pointer l'absurdité de la situation". Tracey Rose aurait pu avoir des problèmes avec cette performance mais même si on voit une sentinelle stationnée dans une guérite à l'arrière-plan, elle a pu partir sans être arrêtée. 
Une vidéo complètement folle !


Aurélien Froment est un artiste français qui vit aujourd'hui à Dublin. Il présente un film qui est assez captivant. Intitulé la tectonique des plaques (et créé spécialement pour la biennale), il met en scène la visite en plein air et à ciel ouvert d'une exposition grandeur nature. Un couple de jeunes gens se promène donc dans la nature en détaillant tout ce qu'ils voient et en regardant la moindre feuille d'herbe comme une oeuvre d'art. Les commentaires qu'ils se font l'un à l'autre sont ce que deux personnes se diraient devant des tableaux. C'est savoureux! 




Deux vidéos tout à fait captivantes!